L’arrêté du 7 septembre 2022 définissant les orientations nationales prioritaire de DPC (*Développement Professionnel Continu) 2023-2025 exclu l’ETP. A l’heure ou les maladies chroniques sont en constantes augmentations, ou la relation éducative et l’écoute sont des éléments essentiels dans la relation soignant/soigné et la mise en place de l’alliance thérapeutique ; comment expliquer ce choix ?
La Société d’Education Thérapeutique Européenne (Sete) a interpellée dès le 20 octobre 2022 la directrice de l’ONDPC. https://www.socsete.org/la-formation-a-l-etp-menacee-par-les-orientation-du-plan-dpc-2023-2025-la-sete
Depuis les recommandations de la HAS de 2007 confortées par la loi Hôpital Patient Santé Territoire (art 84), la formation en ETP n’a cessé d’être positionnée comme un élément central de la remise en question des pratiques professionnels et de la valorisation des compétences expérientielles. Elle est également le levier incontestable favorisant le déploiement des programmes ETP mais également des postures éducatives aux bénéfices des usagers.
Il existe une ambivalence certaine entre cette décision de ne plus faire apparaitre l’ETP au DPC et la nécessité/obligation de formations. Nécessité afin de soutenir et maintenir les compétences éducatives de professionnels, obligation légale de formation (arrêté du 30/12/2020) pour intervenir dans un programme déclaré.
Hormis le fait de répondre à une obligation, un des bénéfices de la formation des 40 heures est de faire évoluer la posture ; centrée entrée sur les compétences biomédicales pour tendre vers une posture permettant de transmettre les apprentissages nécessaires à la vie avec une maladie chronique. C’est pourquoi les 40h ne suffisent pas à changer les habitudes ancrées. Rappelons que la formation continue tout au long de la vie est un élément essentiel pour l’ensemble des professionnels. Alors quelles sont les solutions que nous avons afin de pouvoir bénéficier de la formation ad hoc dans ces circonstances ?
Cette décision n’affectera a priori que très peu les établissements de santé qui auront la possibilité de se retourner vers les OPCO pour une prise en charge, mais qu’en est-il des libéraux ?
Première option : l’auto-financer des formations en lien incluant dans les frais réels lors de la déclaration d’impôt. Seconde option : le financement pour les paramédicaux par le biais de leurs FIF-PL (Fonds Interprofessionnel de Formation des Professionnels Libéraux) et les médicaux par leurs FAF-PM (Fonds d’Assurances Formation de la Profession Médicale). Cette décision n’impactera pas les patients qui souhaitent se former puisque d’ores et déjà soit ils s’autofinancent ou sont pris en charge par les associations d’usagers auxquelles ils adhèrent.
Les orientations du DPC 2022-2023 soutiennent la pratique mais si l’on regarde bien sont limitées à certaines pathologies. Cette décision politique laisse « sur le bord de la route » nombre de professionnels et risquent de priver des patients confrontés à d’autres pathologies chroniques non prioritaires.
Cependant est-ce à dire que les pouvoirs publics compte sur les formations initiales pour pallier ce manque ? A ce moment-là apparaitront d’autres questionnements et problématiques comme : le manque de maturité professionnel et d’expérience pour faire le lien avec les enseignements, la validité d’acquis qui ne seront potentiellement pas mobilisé de suite ? En ce qui concerne les professionnels de santé qui n’auront pas la possibilité de se former tout au long de la vie, pourra-t-on considérer comme une avancée pour le développement de l’ETP et de la posture éducative, le fait de bénéficier uniquement des enseignements dispensés lors des formations initiales ? N’avons-nous pas là, la mise en place d’un frein au développement de la prévention secondaire et tertiaire ? Ainsi qu’un outil de démoralisation massive des soignants ?